Conversation avec le Prince Richard

 

 

L’APRÈS-MIDI était très avancé. La Belle était allongée sur l’herbe fraîche avec les autres esclaves, simplement asticotée de temps en temps par les filles de cuisine qui la forçaient sans ménagement à écarter les jambes bien grand, du bout de leur bâton. Non, il ne fallait pas qu’elle joigne les jambes, songea-t-elle dans son demi-sommeil.

Le travail de la journée l’avait épuisée. Elle avait fait tomber une poignée de cuillers en étain et cette faute lui avait valu d’être enchaînée au mur de la cuisine, la tête en bas, une heure durant. À quatre pattes, elle avait porté sur son dos les lourds paniers de lessive, jusqu’aux cordes à linge, et, là, elle s’était agenouillée, immobile, pendant que les filles du village suspendaient les draps tout en causant autour d’elle. Elle avait récuré, lavé et ciré, et, à chaque signe de maladresse ou d’hésitation on lui avait donné le battoir. Et c’est à genoux qu’elle avait lapé son dîner dans le même grand plat que les autres esclaves, témoignant silencieusement sa gratitude pour l’eau de source fraîche qu’on leur avait servie ensuite.

Maintenant, il était l’heure de dormir, et elle avait somnolé un peu plus d’une heure environ.

Or, très lentement, elle s’aperçut qu’il n’y avait plus personne autour d’elle. Elle était seule avec les esclaves endormis, et elle découvrit que le Prince magnifique aux cheveux roux était couché juste en face d’elle, la joue lovée contre la main, et qu’il la regardait.

C’était lui qu’elle avait vu la veille au soir, en train d’embrasser le soldat sur les genoux duquel il était assis. À présent, il souriait, et du bout des doigts de sa main droite, il souffla un baiser dans la direction de la Belle.

— Que vous a donc fait Maîtresse Lockley, ce matin ? chuchota-t-il.

La Belle rougit.

Il tendit sa main, qui vint recouvrir celle de la Belle.

— Tout va bien, chuchota-t-il. Nous adorons nous rendre à la Boutique des Châtiments.

Rien que ça. Et il rit tout bas.

— Depuis combien de temps êtes-vous ici ? demanda-t-elle.

Il était encore plus beau que le Prince Roger. Jamais, au château, elle n’avait vu personne d’allure plus aristocratique. Les traits de son visage étaient empreints de force, comme ceux de Tristan, mais il était de constitution plus fine, et il avait l’air plus immature.

— J’ai été envoyé ici, du château, voici un an. Mon nom est Richard. J’étais au château depuis six mois quand on m’a déclaré incorrigible.

— Mais pourquoi vous conduisiez-vous si mal ? demanda la Belle. Était-ce délibéré ?

— Pas du tout assura-t-il. J’essayais d’obéir, mais immanquablement j’étais pris de peur panique et je courais me réfugier dans un coin. Ou alors, sous le coup de la honte et de l’humiliation, j’étais tout bonnement incapable de mener à bien la moindre tâche. Je n’avais pas la force de me dominer. J’étais passionné, tout comme vous. Chaque battoir, chaque queue, la main de chaque jolie Dame qui me touchait provoquait en moi des manifestations mortifiantes de plaisir incontrôlable. Mais j’étais incapable d’obéir. Et, par conséquent, j’ai été vendu aux enchères ici, pour une année entière, afin d’y être maté.

— Et maintenant ? demanda la Belle.

— J’ai fait bien du chemin, affirma-t-il. On m’a éduqué. Et j’appartiens à Maîtresse Lockley. S’il n’y avait pas eu Maîtresse Lockley, je ne sais pas ce qu’il serait advenu de moi. Maîtresse Lockley m’a attaché, m’a puni, m’a passé le harnais, et elle a dû me faire accomplir une dizaine de travaux de force, avant de pouvoir compter sur ma bonne volonté. Tous les soirs, on me donnait le battoir sur la Roue en Place Publique, on me faisait tourner en rond autour du mât de cocagne, au pas de course. J’étais ligoté dans une tente sur la Place des Châtiments et il fallait que je prenne toutes les queues qui venaient me chercher. J’étais chahuté, persécuté par des jeunes femmes. D’ordinaire, je passais la journée suspendu à l’enseigne de l’Auberge. Et j’étais pieds et poings liés pour le battoir quotidien. En fait, ce n’est qu’après quatre bonnes semaines de ce traitement que l’on m’a délié et qu’on m’a donné l’ordre d’allumer le feu et de mettre la table. Eh bien, je vous le dis, j’ai couvert ses bottes de baisers. J’ai lapé ma nourriture dans la paume de sa main, littéralement.

La Belle approuva en hochant lentement la tête. Elle était surprise d’apprendre qu’il lui avait fallu tout ce temps avant d’en arriver là.

— Je la révère, avoua-t-il. À la seule pensée de ce qui serait arrivé si j’avais été acheté par quelqu’un de plus doux, je frémis.

— Oui, admit la Belle, et le sang lui monta de nouveau au visage.

Elle aussi, elle ressentait la même chose, jusque dans ses fesses endolories.

— Je n’aurais jamais pensé être capable de rester immobile, à plat ventre sur un comptoir, pour une séance matinale de battoir, reconnut-il. Jamais je n’aurais pensé qu’on m’enverrait rejoindre la Place des Châtiments en me laissant marcher, détaché, dans la rue, ou que j’irais grimper les marches pour monter m’agenouiller sur la Roue en Place Publique, sans entraves aucunes. Ni même que l’on pourrait m’envoyer à la Boutique des Châtiments voisine, où nous nous sommes rendus ce matin. Or, désormais, ce sont là des choses dont je suis capable. Et je ne croyais pas non plus que je pourrais donner du plaisir aux soldats de la garnison sans me ratatiner ou sans rien laisser paraître de la peur panique qui me prenait quand ils me garrottaient. Non, il n’est plus rien que je ne sois en mesure d’endurer, jusqu’au bout.

Il marqua un temps de silence.

— Toutes choses que vous avez déjà apprises, reprit-il. Hier soir, et encore aujourd’hui, j’en ai vu assez, je peux bien vous le dire. Maîtresse Lockley est amoureuse de vous.

— Amoureuse de moi ! (La Belle sentit un puissant désir lui inonder les reins.) Oh, vous devez faire erreur.

— Non, nullement. Pour un esclave, il est difficile d’attirer l’attention de Maîtresse Lockley. Or, quand vous lui tournez autour, c’est à peine si elle vous quitte des yeux.

Le cœur de la Belle se mit à battre silencieusement la chamade.

— Vous savez, j’ai quelque chose de terrible à vous dire, reprit le Prince.

— Ce n’est pas la peine de me le dire. Je sais, chuchota la Belle. Maintenant que votre année de village touche à son terme, vous ne pouvez supporter l’idée de retourner au château.

— Oui, exactement, fit-il. Non que je serais incapable d’obéir et de faire plaisir. De cela, je suis bien certain. Mais…il y a autre chose.

— Je sais, répéta la Belle.

Mais, dans sa tête, les pensées se bousculaient. Ainsi, vraiment, sa cruelle Maîtresse était amoureuse d’elle ? Et pourquoi cela procurait-il à la Belle une telle satisfaction ? Au château, jamais elle ne s’était vraiment souciée de savoir si Dame Juliana l’adorait. Or cette petite aubergiste, fière et méchante, et ce Capitaine de la Garde, beau et distant, la touchaient étrangement jusqu’au fond du cœur.

— J’ai besoin d’être durement puni, avoua le Prince Richard. J’ai besoin de recevoir des ordres directs, de savoir quelle est ma place, sans hésitation. Je n’ai aucune envie de connaître à nouveau ces séances de toilette pleines de délicatesse, et toutes ces flatteries. Je préfère qu’on me bascule en travers du cheval du Capitaine et qu’on m’emmène au campement pour me retrouver ligoté à la barre où l’on attache les chevaux, et qu’on en use de moi de la sorte, comme on l’a d’ailleurs fait.

Brièvement, le tableau apparut en pleine lumière devant la Belle.

— Est-ce que le Capitaine de la Garde vous a pris ? demanda-t-elle avec timidité.

— Oh oui, naturellement reconnut-il. Mais n’ayez aucune crainte. Je l’ai vu hier soir. Lui aussi, il est vraiment amoureux de vous, et de toute façon, dès qu’il s’agit des Princes, il les préfère un peu plus vigoureux que moi, même si, de temps à autre…

Il sourit.

— Et faut-il que vous retourniez au château ? demanda la Belle.

— Je n’en sais rien. Maîtresse Lockley jouit d’une grande faveur auprès de la Reine, parce que la plus grande partie de sa garnison est logée ici. Et Maîtresse Lockley, je crois, pourrait me garder ici si elle voulait y consacrer la somme nécessaire. Je rapporte beaucoup d’argent à l’Auberge. Chaque fois que l’on m’envoie à la Boutique des Châtiments, les clients qui s’y trouvent paient pour ma pénitence. Il y a toujours un tas de gens qui se retrouvent là-bas, prennent le café, bavardent, des femmes qui font leur couture…et qui regardent les esclaves se faire fesser l’un après l’autre. Et même si les Maîtres et les Maîtresses doivent déjà payer pour ce service, les clients qui le désirent peuvent ajouter dix sous pour s’offrir une bonne rossée en supplément. Là-bas, il m’arrive presque toujours de prendre trois rossées de suite, la moitié de cet argent revient à la boutique, et l’autre à Maîtresse Lockley. À telle enseigne que j’ai déjà rapporté plusieurs fois le prix qu’elle m’a payé, et je pourrais très bien rapporter une somme au moins égale, pour peu que Maîtresse Lockley veuille me garder.

— Oh, il faut que je sois capable d’en faire autant moi aussi ! chuchota la Belle. Peut-être me suis-je montrée obéissante trop vite !

Sa bouche se tordit d’anxiété.

— Non, point du tout. Vous, vous devez parvenir à rentrer dans les bonnes grâces de Maîtresse Lockley. Et vous n’y parviendrez pas en désobéissant. Vous y parviendrez en marquant bien votre soumission. Ainsi, quand vous vous rendrez à la Boutique des Châtiments – et assurément l’occasion s’en présentera, car elle n’a pas le temps, tous les jours, de nous donner le battoir comme il convient –, il faudra vous montrer sous votre meilleure apparence, aussi ardu cela soit-il. D’une certaine manière, c’est encore plus ardu que la Roue en Place Publique.

— Mais comment cela ? Cette roue, je l’ai vue, et elle m’avait l’air déjà bien redoutable.

— La Boutique des Châtiments, c’est quelque chose de plus intime et de moins théâtral, expliqua le Prince. Comme je vous l’ai dit, l’endroit ne désemplit pas. Les esclaves font la queue sur une rampe un peu surélevée, le long du mur de gauche, et chacun attend son tour, comme nous avons attendu ce matin. Et puis il y a le Maître, avec son aide, sur la petite estrade, à à peine plus d’un mètre au-dessus du sol, et les clients sont attablés contre cette rampe et contre la scène, et ils s’esclaffent, bavardent entre eux, en ne prêtant pour ainsi dire aucune attention à ce qui se passe, mis à part quelques commentaires, à l’occasion.

« Mais, si un esclave leur plaît, alors ils s’arrêtent de parler et ils regardent. Si vous jetez un coup d’œil à la dérobée, vous pouvez les entrevoir, les coudes appuyés sur le rebord de la scène, et puis il y a leurs cris : « dix sous », et c’est reparti pour un tour. Le Maître est un grand et grossier gaillard. On vous bascule sur ses genoux. Il porte un tablier de cuir. Avant de commencer, il vous enduit de graisse sans ménagement, et vous lui en savez gré. Ça rend les fessées plus cuisantes, mais, réellement, ça vous protège la peau. L’aide, lui, vous maintient le menton, mais il n’attend qu’une chose, pouvoir vous faire déguerpir une fois la séance terminée. Et puis tous deux, le Maître et son aide, rient et parlent beaucoup. Le Maître me serre bien fort dans ses bras et me demande toujours si j’ai été un bon petit bonhomme, exactement de la manière dont il s’adresserait à un chien, avec cette voix-là. Il m’ébouriffe les cheveux et m’asticote la queue sans pitié, puis il me conseille de garder les hanches bien levées pour que ma queue ne s’oublie pas sur son tablier.

« Un matin, je me souviens d’un Prince qui a joui sur les genoux du Maître. Et comme il a été puni. On lui a donné le battoir, sans pitié, et on lui a imposé d’exécuter le tour de la taverne un nombre incalculable de fois, en position accroupie, et, du bout de la queue, on lui a fait toucher toutes les bottes qui se trouvaient sur son chemin afin de demander pardon, le tout les mains derrière la nuque. Vous auriez dû le voir se contorsionner en tous sens, avec les clients qui, parfois, le prenaient en pitié et lui ébouriffaient les cheveux, mais qui, la plupart du temps, se contentaient de l’ignorer. Et puis on l’a raccompagné chez lui, dans cette même position douloureuse et déshonorante, à croupetons, la queue nouée par un lacet, de manière qu’elle pique piteusement vers le sol, et pourtant, à ce moment-là, elle était déjà bien dure. Dans la soirée, quand les clients sont attablés à boire du vin et que l’endroit resplendit à la lumière des chandelles, cela peut être pire que la Roue en Place Publique. Jamais, sur la Roue en Place Publique, je ne me suis effondré, jamais je n’ai pleuré, jamais je n’ai imploré miséricorde.

La Belle était secrètement envoûtée par ce récit.

— Un soir, dans la Boutique, continua le Prince, je me souviens d’avoir été acheté pour trois rossées après celle qu’avait commandée la Maîtresse. Je pensais assurément que je n’aurais pas à en recevoir de quatrième, que ce serait trop, car je sanglotais, et il y avait une longue file d’esclaves en attente. Mais il y a eu cette main, qui s’est présentée de nouveau devant moi, enduite de graisse, pour en frotter mes marbrures, mes griffures et me gifler la queue, et de nouveau je me retrouvai en travers des genoux du Maître, et je fis encore meilleure figure que lors des fois précédentes. Après quoi, on ne vous fourre pas la bourse pleine de pièces dans la bouche pour que vous la rapportiez chez vous, comme c’est le cas après la Roue en Place Publique. Ici on vous l’introduit pour de bon dans l’anus, en laissant pendre au-dehors les petits cordons. Ce soir-là, après mon supplice, on me força à faire le tour de toute la taverne, à passer de table en table pour recevoir encore un peu plus de pièces de cuivre, et on me les fourrait dedans jusqu’à ce que j’en sois farci comme une volaille à rôtir. Maîtresse Lockley était enchantée de tout cet argent que j’avais gagné. Mais j’avais le derrière si endolori que, lorsqu’elle me le toucha du bout des doigts, je criai sans retenue. Je croyais qu’elle aurait eu pitié de moi, ou tout au moins de ma queue, mais ce n’était pas dans sa manière. Elle me livra aux soldats, ce soir-là comme tous les soirs. Il fallait que je m’assoie sur tous ces genoux cagneux, avec mes fesses douloureuses, et que l’on me caresse la queue, et qu’on me la torture, et qu’on me la gifle, je ne sais même plus combien de fois, avant que l’on me permette finalement de la plonger dans une petite Princesse bien chaude. Et même à ce moment-là on me fouetta à coups de ceinture pour me faire aller et venir en elle. Et, quand je jouis, les coups ne s’arrêtèrent pas de tomber pour autant, non, ils continuèrent tout pareillement. La Maîtresse dit que ma peau était très souple, qu’elle récupérait bien, et que plus d’un esclave n’aurait guère pu supporter pareil traitement Après quoi, elle veilla à ce que je reçoive autant de coups que j’en pourrais supporter, exactement comme elle me l’avait annoncé.

La Belle était trop abasourdie pour dire quoi que ce soit.

— Et c’est là que l’on va m’envoyer, murmura-t-elle enfin.

— Oh, sûrement Au moins deux fois par semaine, on nous y expédie, tous autant que nous sommes. C’est à deux pas d’ici, dans la ruelle, et on nous y envoie tout seuls : d’une certaine manière, et c’est atterrant, cela fait toujours partie de la punition. Mais lorsque ce moment viendra n’ayez pas peur. Souvenez-vous simplement que, si vous rentrez au bercail avec cette petite bourse pleine de pièces de monnaie dans le derrière, vous contenterez la Maîtresse à l’extrême.

La Belle posa la joue dans l’herbe fraîche. « Je ne veux jamais retourner au château, songea-t-elle. Et qu’ici ce soit si dur, si terrifiant, je m’en moque bien ! » Elle regarda le Prince Richard.

— Comment avez-vous pu jamais penser à vous enfuir ? demanda-t-elle. Je me demande s’il arrive aux Princes d’y penser.

— Non, fit-il en riant. Tenez, par exemple, la nuit dernière, c’est une Princesse qui s’est enfuie. Et je vais vous confier un secret. Ils ne l’ont pas retrouvée. D’ailleurs, ils ne veulent pas que ça se sache. Maintenant, rendormez-vous. Ce soir, s’ils ne l’ont pas capturée d’ici là, le Capitaine va être de fort méchante humeur. Vous ne songez pas à vous enfuir, n’est-ce pas ?

— Non, fit la Belle d’un signe de tête.

Il se tourna vers la porte de l’Auberge.

— Je crois que je les entends qui arrivent. Rendormez-vous, si vous le pouvez. Nous avons encore à peu près une heure devant nous.

La Punition
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